Industrie de la couture : De la France à l’international

par | Fév 1, 2021 | Histoire de la couture | 0 commentaires


Comme son nom l’indique, la phase d’industrialisation marque le développement du volet industriel de la confection. À travers le monde entier, l’industrialisation du secteur de la couture à marqué l’implication grandissante des machines et de la fabrication automatisée de textiles, vêtements, maroquineries et accessoires dès le début du XIXème siècle.
Lancée dans les pays d’invention de la machine à coudre, soit en France, en Angleterre et aux États-Unis avant le reste du monde, la commercialisation des machines à coudre industrielles ne se fit pas sans révoltes de la part des professionnels du métier, dont les couturières et couturiers, tisserands, etc, qui se rendaient compte de l’instabilité de leurs positions si ce mouvement venait à se généraliser. Cependant, les buts principaux de ce phénomène tentaculaire étant avant tout économiques et mercantiles, les grands fabricants surent remporter la partie. La commercialisation massive eut lieu à partir des années 1860, à l’avantage tant des producteurs que des consommateurs.
En effet, au fil des décennies, les prix de l’habillement chutèrent et l’utilisation de machine offrit plus de temps libre aux femmes, qui eurent la possibilité d’acheter leurs vêtements au lieu de les confectionner elles-mêmes. Les entrepôts et grandes usines de productions se généralisèrent, regroupant anciennes couturières et nouvelle main d’œuvre.

Ce fut aussi le cas en France, ou différentes régions sont aujourd’hui toujours reconnues pour leur place dans le domaine de la confection en France. Comptons par exemple les quartiers du Marché Saint-Pierre de Paris ou la Croix-Rousse à Lyon, surnommée le « quartier des tisserands ».

L’introduction et l’évolution du prêt-à-porter

Contrairement à ce que l’on peut penser, le phénomène de mondialisation ne date pas du XXème siècle, mais est le fruit de siècles d’échanges commerciaux, même si l’échelle était bien sûr incomparable à la situation globale actuelle. Déjà au Xème siècle, le monde du textile tournait autour d’échanges internationaux et inter-continentaux, tels que les fameux échanges réalisés à travers la Route de la Soie.

En Europe, l’industrialisation fit son entrée dès la commercialisation des premières machines à coudre mécaniques, soit au XIXème siècle avec par exemple la célèbre marque Singer. En France, les marques les plus connues comptent par exemple Peugeot, Hurtu, Brion et Reimann, qui firent tous tabac. En effet, de nombreux couturiers, mais aussi tisserands et propriétaires d’usines se rendirent compte de l’opportunité qui s’ouvraient à eux et firent alors construire les premiers entrepôts et ateliers de couturiers – qui travaillaient maintenant sur des machines mécaniques, et non plus sur des rouets ou à la main. Les rythmes de production s’accélérèrent, tout comme les habitudes de consommation et les modes.

On n’a jamais pu tant produire et en aussi peu de temps.
Mais la question est… et le résultat ??

Bien évidemment, faire produire le textile et l’habillement par des machines est bien plus rapide et rentable que de déléguer la tâche à du personnel, et ce encore plus dans les pays développés, comme la France.
Malgré tout, il faut tout de même retenir plusieurs points. La qualité offerte par du travail mécanique dans le milieu du textile dépend de plusieurs facteurs.

  • Le premier à prendre en compte est la machinerie utilisée : le rendu dépend bien sûr des options et de l’outillerie disponible, mais aussi du choix des matériaux des équipements et leur durabilité, des cadences de production, du temps d’utilisation quotidienne et hebdomadaire, de la maintenance des machines, et bien sûr, de la tâche répétée. Des cadences élevées causées par une plus grande production ou des délais serrés aboutiront à une usure plus exponentielle, d’autant plus quand les tâches sont difficiles ou laborieuses, et si les tissus sont épais, solides ou résistants, tels que le cuir.
  • La qualité du rendu dépend aussi de la marque en jeu, de ses valeurs et de sa direction, qui peut choisir d’offrir du haut de gamme à grands prix pour une minorité, ou bien préférera opter pour la fabrication de prêt-à-porter de qualité mauvaise à standard pour pouvoir les vendre à petits prix à une très large clientèle répartie aux quatre coins du globe. Beaucoup d’industriels ont choisi la seconde option, participant ainsi à la fabrication de vêtements vendus, renouvellés et remplacés chaque saison.
  • De plus, les machines sont aujourd’hui capables de substituer des gestes humains de manière remarquable, en alliant une précision et une rapidité accrue à un taux d’erreur proche de nul. Les avancées technologiques sont courantes et, alors que les machines à coudre ne pouvaient à leur début que tisser sur certains tissus et avec de nombreuses contraintes, elles sont maintenant capables de réaliser de nombreux types de points, de broderies, de couture, de rapiéçage ou d’autres manœuvres, et ce dans des délais records.
  • Malgré tout, le travail à la main est toujours un gage de qualité. Offrant à la fois des modèles uniques, le travail manuel est toujours capable de prouesses impossibles pour la machine : en apprenant, nous pouvons tous réaliser des points et des techniques impossibles à ce jour pour les machines ! Et c’est sans parler de son cachet…

Et la planète dans tout cela ?

Après des centenaires d’industrialisation, les pays développés commencent doucement à se poser la question de/à remettre en doute la surproduction et son impact sur la planète. Pollution, exploitation des mineurs, des infirmes et des femmes, conditions de travail déplorables, sites délabrés… tous ces sujets entrent de plus en plus souvent dans l’actualité et deviennent des phénomènes liés reconnus. Qui n’a pas entendu parler d’incidents meurtriers dans des usines au Bangladesh, en Inde ou en Thaïlande ? Qui ne soupçonne pas les conditions de travail inhumaines dans des entrepôts en Chine, à Myanmar… ou ailleurs ?

Malgré ces tragédies, ou peut-être grâce au relais des médias, après des décennies de délocalisation dans des pays moins coûteux, dont essentiellement des pays non développés et en voie de développement en Asie du Sud et au Maghreb, l’industrie du textile commence à faire de petits pas timides vers des solutions meilleures pour tous.
Ainsi, on peut aujourd’hui entendre parler de « tissu bio », « tissu recyclé », ou de vêtements fabriqués éthiquement, dans des coopératives ou des centres sociaux ou de réinsertion professionnelle. C’est pourquoi vous entendrez sûrement plus souvent parler de la « désindustrialisation du prêt-à-porter » dans les années à venir… et c’est pour le mieux !

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